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Hommages : Catherine Ribeiro

Hommages : Catherine Ribeiro 22 septembre 1941 - 23 août 2024
27/08/2024

Une chanteuse libre et indomptable.

La chanteuse engagée s'est éteinte dans un Ehpad de la côte bleue, proche de Martigues, elle avait 82 ans. Fille d'immigrés portugais, née à Lyon, elle s’est exprimée dans le cinéma, s’est tournée vers l’écriture et la musique.

Entre rock progressif et chanson française.

Après des débuts comme actrice, Elle joue notamment aux côtés du cinéaste Jean-Luc Godard dans le film Les Carabiniers (1963), rebelle et sans compromission, elle a navigué durant sa carrière entre rock progressif et chanson française, connaissant un grand succès sans jamais lorgner du côté du show-business.

Considérée comme l'héritière de Léo Ferré, « La beauté insoumise de Catherine et sa colère chevillée à l’âme incommodent le show-business », disait-il. Elle enregistre quelques chansons chez Barclay, ce qui lui vaut de figurer sur la légendaire photo des stars yéyés prise en Juin 1966 par Jean-Marie Périer pour Salut les Copains. Mais elle choisira une autre voie que celle d'idole des jeunes…

Classée vite fait entre Françoise Hardy et Marie Laforêt.

Catherine Ribeiro est une grande encore goupillée de cette France gaulliste en pleine couvade insurrectionnelle de 68. C’est le journal Libération qui se souvient que mèche brune sur le visage, regard noir obtus, la petite Portugaise laisse échapper la Nuit et le Vent sur les transistors, jolie et inoffensive fleuron pop et folk de son troisième EP chez Barclay.

Elle adapte du Dylan (It’s All Over Now, Baby Blue devenu C’est fini entre nous), Pete Seeger (The Bells of Rhymney devenu les Cloches dans la vallée) ou Léonard Cohen, son potentiel inflammable est encore sous cloche, et il faudra l’étincelle de 1968 pour en faire le brasier le plus ardent et incontrôlé du rock français des années 70 !

Terminée la chanson folk ! le début du Punk ?

Catherine Ribeiro rit, crie, se lance dans des onomatopées et des soupirs sensuels, aborde des thèmes nettement plus sombres, rythmique progressive, des textures psychédéliques et ces histoires contées d’une voix lourde, imposante, toujours sur la brèche. Elle fait d’ailleurs plus que chanter. Elle vit, vibre, affirme. Ouvre les bras, renverse la tête. La femme a quelque chose de l’égérie révolutionnaire et de la figure sacrificielle.

De 1969 à 1980, elle a la révolte au bout de langue.

« Je ne suis pas une femme d’un parti, disait-elle, mais une femme qui lutte contre toutes les atteintes à la liberté dans le monde, où qu’elles se produisent. Et je lutterai jusqu’à mon dernier souffle ».

Âme debout, Paix, Le Rat débile et l'Homme des champs, Libertés ?... Elle réalise au total neuf albums avec Alpes. Ses chansons témoignent de ses multiples engagements : Palestine, réfugiés chiliens, contre la guerre au Vietnam, pour l'écologie, contre le président Valéry Giscard d'Estaing... Jugée trop rebelle et à mille lieues des canons commerciaux, elle est boycottée par les médias.

Ribeiro Live

  • Les médias ne l'empêchent de trouver son public, souvent militant comme elle. Elle se produit dans les grandes salles et fait un carton à Bourges ou à la Fête de l'Humanité où elle chante devant 120.000 personnes.
  • En 1982, elle remplit pendant trois semaines Bobino. C'est l'apogée de sa carrière. Avec un soir un spectateur célèbre, qui se faufile incognito : le tout nouveau président socialiste François Mitterrand.
  • En 1993, elle revient aux Francofolies
  • Le 11 janvier 2008, elle revient sur une grande scène parisienne, le Bataclan, dans le cadre d'une tournée française.

« J'en ai assez qu'on me fasse porter cette seule étiquette rouge ».

« Ce n'est pas moi qui me suis marginalisée, on m'a marginalisée ! J'irai vers un public plus large si les chaînes de radio et la télévision se décident enfin à me considérer comme une chanteuse à part entière » disait-elle en 1980.

Mais on ne la verra désormais plus beaucoup sur scène. Les morts successives de son mari et de sa fille Ioana l'avaient conduite à s’enfermer dans une maison dans les bois en Ardennes dans les années 80. Elle épouse le maire socialiste de Sedan, Claude Démoulin. Elle subit en 2020 un AVC et doit être hospitalisée dans une clinique allemande. Ces dernières décennies, elle sortait peu de son silence. Se produisant tout de même au Bataclan et aux Francofolies. Avec toujours la même soif d'engagement : « Jusqu'à mon dernier souffle, je me battrai pour les libertés ».

La grande Catherine Ribeiro est morte dans un oubli à peu près total. La « pasionaria rouge » laisse derrière elle une œuvre souterraine, à redécouvrir, tant elle symbolise l’idéal d’un art refusant les facilités et les automatismes de la production musicale française.

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