Figure du féminisme
La pionnière du « manifeste des 343 » au profit de l’avortement, figure du féminisme,
Simone Iff s’est éteinte à son domicile parisien, lundi 29 décembre 2014, indique Le Monde. Elle avait 90 ans. Son nom est indéfectiblement lié aux combats pour le droit des femmes.
Née à Vabre (Tarn), le 4 septembre 1924,
Simone Iff de son nom de jeune fille Simone Balfet a grandi à Sète (Hérault). Son père, pasteur protestant et sa mère normalienne, tous les deux engagés dans l'aide en faveur des réfugiés, lui ont transmis une culture protestataire et le goût du militantisme. À l’âge de 18 ans, quand elle attendait un enfant sans être mariée, sa famille préférait fuir le scandale et a quitté Sète. Ses parents qui se sont montrés compréhensifs restaient malgré tout proches d’elle.
En 1943, elle se marie avec le père de son enfant, Werner Iff et accouche de sa fille aînée la même année. En 1946, elle entre dans le « Mouvement Jeunes Femmes » (MJF) fondé par la bourgeoisie protestante pour permettre aux femmes protestantes mariées de se sentir solidaires sur leurs problèmes spécifiques et de mettre en pratique leurs convictions chrétiennes.
Une grossesse pouvait devenir une grande malédiction
Le Mouvement Jeunes Femmes est plus tard devenu un mouvement de défense du droit des femmes, qui participait à la création de « La Maternité heureuse », une association qui devient le Mouvement français pour le planning familial (MFPF) en 1960 dont Simone Iff en est le pilier. Le but du mouvement est officiellement d’instaurer l’équilibre psychologique au sein d’un couple, de promouvoir la santé des femmes, et surtout, bien que de façon tacite, de répondre aux différentes questions sur le contrôle des naissances. La loi en vigueur depuis 1920 interdit alors l'information sur ce thème. C’était à une époque où la sexualité, la contraception étaient encore taboues.
Quand les premiers centres du planning ont été ouverts à Grenoble et Paris, en 1961, c’est la cohue. « Il y avait une demande énorme. Il fallait passer de la clandestinité à une structure qui avait pignon sur rue », se souvenait Simone Iff. De l’information sur le contrôle des naissances à une sexualité épanouie, Simone Iff voulait faire de l’acte sexuel en une source de plaisir et également un acte reproducteur.
Les avortements clandestins tuaient en France
Les centres ont également orienté les femmes souhaitant avorter vers l’étranger. Mais tout le monde n’avait pas les moyens. Le Planning veut sortir de l’ombre. En 1971, le Manifeste des 343 salopes a créé un électrochoc. Le statut de mère de famille nombreuse et l’âge de Simone Iff ont crédibilisé les revendications du mouvement.
À l'arrivée de la gauche au pouvoir et après la victoire de
François Mitterrand en 1981, Simone Iff est devenue conseillère technique du ministre aux Droits des femmes cabinet, Yvette Roudy, qu’elle a fréquenté depuis longtemps. L'avortement est remboursé, voté en 1982, et Simone bat pour avoir des places suffisantes réservées pour les IVG en hôpitaux. Elle devient en 1984, membre du Conseil économique et social.