Nécrologie : Yves Coppens
Mort du pape de la préhistoire, Lucy est orpheline.
Né à Vannes, d'un père enseignant au lycée Jules-Simon et d'une mère pianiste, Yves Coppens avait passé son enfance près de Conleau (presqu'île bretonne rattachée à l'agglomération morbihannaise et avait fait une partie de ses études à Rennes). C’est son éditrice Odile Jacob qui a annoncé la nouvelle de son décès.
Son père en 1940 lui rapporte des Ardennes des coquilles de l'ère secondaire qu'il a ramassées dans une carrière. Ces « gryphées » qui le font rêver, l'enfant les installe dans sa bibliothèque et les montre à tous ses amis.
Au point d'y gagner le surnom de « Coco le fossile ». À 14 ans, un ami de son grand-père l'emmène sur un site gaulois fouillé sur les bords du golfe du Morbihan. On y trouve quantité de tessons de poterie. « Et là, j'ai eu comme une révélation. J'ai su en un instant que je passerais ma vie à creuser le sol à la recherche de traces du passé »...
Ambassadeur de la préhistoire
A la faveur d'une première mission en Afrique, en 1960, il se penchera finalement sur les origines de l'humanité. Il ne cessera plus, dès lors, de fouiller la zone subsaharienne d'où l'homme moderne est originaire.
⦁ Yves Coppens identifie dès 1961 un premier crâne préhistorique dans le nord du Tchad.
⦁ En 1967, il met la main sur une mandibule d'hominidé vieille de 2,6 millions d'années à Shungura, à l'ouest de l'Omo. C'est le premier spécimen fossile d'une espèce inconnue : le Paranthropus aethiopicus.
La découverte de Lucy.
Mais la célébrité viendra sept ans plus tard en 74, lorsque Tom Gray, un jeune chercheur américain, membre de son équipe, exhume le premier les ossements de Lucy, l’australopithèque la plus célèbre du monde. Les cinquante-deux os de Lucy (un squelette humain en comporte 206) permettront de reconstituer son poids, son âge et de découvrir que les préhumains marchaient et grimpaient aux arbres.
Ce squelette a longtemps constitué le fossile hominidé le plus complet jamais retrouvé pour une période aussi ancienne. « De moi, on évoque tellement de Lucy que j’ai l’impression de ne rien avoir foutu avant et rien après », s’amusait-il lorsque Le Parisien l’avait rencontré.
La renommée d'Yves Coppens était mondiale.
Ses amis africains le surnommaient « la gazelle » car il arborait souvent un bronzage sombre sur le dos et pâle sur le ventre. Le paléontologue avait visité les cinq continents. Yves Coppens bénéficiait d'une mémoire phénoménale et d'un talent oratoire peu commun qui lui permettaient de s'exprimer sans notes. Il n'a cessé de sillonner le monde pour faire connaître ses travaux. Titulaire de la chaire de paléoanthropologie et de préhistoire du Collège de France de 1983 à 2005, ses cours étaient toujours bondés dans l'amphithéâtre de 500 places.
Son éditrice Odile Jacob a salué son "talent d'écrivain, de conteur, d'essayiste", saluant "un très grand savant". "Je perds l'ami qui m'a confié toute son oeuvre. La France perd un de ses grands hommes", a-t-elle ajouté. Souriant, doté du sens de l'humour et de la formule, parfois gentiment provocateur, le paléoanthropologue à la barbe et moustache blanches professait sa confiance en l'avenir de l'homme.
« Coco le fossile » a rejoint Lucy in the Sky…
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