Nécrologie : Carlos Saura
Le dernier réalisateur classique du cinéma espagnol
« L'Académie du cinéma a le profond regret d'annoncer le décès de Carlos Saura, l'un des cinéastes fondamentaux de l'histoire du cinéma espagnol, mort à son domicile, entouré de ses êtres chers. » Une insuffisance respiratoire l’a emporté à 91 ans.
Hasard ou coïncidence du calendrier, l'Espagne du cinéma unie lui dit adieu lors de nuit des Goya, les César espagnols, décerné au lendemain de sa mort. Carlos Saura comme une dernière élégance, aura dicté son dernier discours de remerciement du Goya d'honneur, lu par sa veuve, Eulalia Ramon : « J'ai eu le privilège de tourner plus de cinquante films. J'ai eu six fils, une fille, une douzaine de petits-enfants et une arrière-petite-fille. Je me sentirai satisfait si tout ce que j'ai fait a permis d'inspirer un peu la brillante génération des cinéastes actuels. ». Mais le rebelle tranquille qui tenait tête à la censure franquiste dans les années 1960 et 1970 avec La Chasse (1966) ou La Cousine Angélique (1974), le cinéaste universellement acclamé pour Cria cuervos (1976), le passionné de danse et de musique, et avant tout de flamenco, auteur des Noces de sang (1981), n’a pas eu la patience d’attendre ce trophée.
Comme l’écrit le journal Libération, des générations de collégiens français ont sans doute une dette envers Carlos Saura depuis les années 80. Car y a-t-il mieux que d’apprendre l’espagnol en commentant des scènes de son chef-d’œuvre Cría Cuervos (1976), certains d’entre-nous se souviennent avoir traduit les paroles de son entrainante chanson Porque te vas ? ritournelle interprétée par la belle chanteuse Jeanette.
Cinéaste jusqu’au bout
Carlos Saura était né dans une famille bourgeoise, libérale et catholique. Après des études de cinéma, il obtient, en 1957, son diplôme de réalisateur. Dès lors, il ne cessera jamais de tourner, une cinquantaine de films au total, depuis son premier long métrage los Golfos (les Voyous, 1960) jusqu’à son dernier sur l’histoire de l’art, Las paredes hablan (Les murs parlent), sorti quelques jours avant sa mort... Sa filmographie compte bon nombre de chefs-d'œuvre comme La caza ou Cría Cuervos, parmi les 44 longs métrages et plusieurs courts métrages qu'il a réalisés tout au long de ses 60 ans de carrière.
Il a incarné par son talent la modernisation et l'internationalisation du cinéma espagnol. Prolifique et intuitif, Saura n'a pas seulement été l'un des réalisateurs incontournables des années 60, 70 et 80 : son influence transcende les générations et les frontières. Son travail a été cité par les plus grands dont Martin Scorsese, Woody Allen et Steven Spielberg.
Le monde du cinéma espagnol, dont Saura était l'un des grands noms avec Luis Buñuel ou Pedro Almodovar, a salué la mémoire d'un "artiste total" ayant "reçu tous les prix imaginables durant sa carrière", selon les mots du ministre de la Culture Ibérique, Miquel Iceta. "Avec Carlos Saura, se meurt une partie ô combien importante de l'histoire du cinéma espagnol. Il laisse derrière lui une œuvre indispensable pour la réflexion profonde sur les comportements de l'être humain. Repose en paix mon ami", a réagi pour sa part l'acteur star Antonio Banderas. Le disciple le plus admiratif de Luis Buñuel est parti retrouver son mentor aux paradis des cinéastes. Carlos, porque te vas ?
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