Hommages : Harry Belafonte

Le chanteur, acteur et activiste qui brisa les barrières

Harold George Bellanfanti Jr., dit Harry Belafonte, est un chanteur, acteur et militant des droits civiques américain né à Harlem dans la ville de New York. Il est décédé à son domicile de l'Upper West Side de Manhattan. La cause de sa mort est une insuffisance cardiaque congestive, a déclaré Ken Sunshine, son porte-parole de longue date.

Il n'était pas le premier artiste noir à transcender les frontières raciales dans les années 1950. Louis Armstrong, Ella Fitzgerald et d'autres avaient atteint la célébrité avant lui. Alors que la ségrégation était encore très répandue, son ascension aux échelons supérieurs du show business est historique. Mais son objectif principal était les droits civils.

Juste avant Elvis ...

Né d'immigrants antillais, il a presque à lui seul déclenché un engouement pour la musique caribéenne avec des disques à succès comme son album « Calypso », qui comprenait les deux chansons :

⦁ « Day-O (The Banana Boat Song) » et « Jamaica Farewell ».
⦁ Le Disque atteint le sommet du palmarès des albums Billboard peu de temps après sa sortie en 1956 et y est resté pendant 31 semaines.
⦁ Venant juste avant la percée d'Elvis Presley, il s'agissait du premier album d'un seul artiste à se vendre à plus d'un million d'exemplaires.

Beau et charismatique, Belafonte a eu le même succès en concerts avec des interprétations dramatiques d'un répertoire qui englobait des traditions folkloriques du monde entier. En 1959, il était l'artiste noir le mieux payé de l'histoire, avec de gros contrats pour des apparitions à Las Vegas, au Greek Théâtre de Los Angeles et au Palace de New York.

Harry Belafonte fut, avant son ami Sidney Poitier, la première vedette noire d’Hollywood

Dans sa carrière cinématographique, on peut remarquer d'excellents films dont le fond traduit parfois ses préoccupations concernant l'égalité entre tous :

⦁ Bright Road (1953) (L'Appel de la vie)
⦁ Odds Against Tomorrow (1959) (Le Coup de l'escalier).

Parallèlement à sa carrière artistique, Harry Belafonte consacre sa vie à plusieurs causes humanitaires et pacifiques avec les célébrités décédées Frank Sinatra, Sammy Davis Jr., Marlon Brando...

Artiste proche de Martin Luther King Jr. et de Nelson Mandela

Engagé, l’artiste finance la campagne pour les droits civiques et devient un proche de Martin Luther King Jr. « Lorsque les gens pensent au militantisme, ils pensent toujours que ça implique des sacrifices, mais j’ai toujours considéré cela comme un privilège et une opportunité », affirmait-il en 2004 lors d’un discours à l’université Emory. En 1963, il lève 50 000 dollars (l’équivalent de presque 500 000 aujourd’hui) nous apprend le journal Le Parisien, pour sortir de prison Martin Luther King, à une époque où les artistes empochaient des revenus confortables.

« J’aurais pu gagner 3 milliards et finir avec une quelconque addiction cruelle, mais j’ai choisi d’être un combattant des droits civiques à la place », expliquait-il dans une interview au Guardian en 2007. Méfiant à l’égard des hommes politiques, il avait rencontré John Fitzgerald Kennedy. Belafonte s’engagera activement à ses côtés pour faire avancer les droits civiques des Noirs en Amérique. Toute la carrière cinématographique et musicale sera proche de ce combat humain.

We Are the World

En 1985, profondément touché et perturbé par la guerre et la famine qui touchent une partie de l'Afrique, et influencé par le travail accompli par Bob Geldof, il contribue à lancer la campagne caritative We Are the World.

En 1987, il accepte le poste d'ambassadeur de l'Unicef. Il est le second américain après Danny Kaye à se consacrer à la charge de secourir la détresse des enfants du monde, y entraînant d'autres personnalités du spectacle.

« Architecte du changement », « grand Américain », « mentor », les superlatifs pleuvent sur Harry Belafonte. Pour le réalisateur Spike Lee et le patron d’Apple, Tim Cook, c’est « un géant » qui s’en est allé. « Harry Belafonte cassait les barrières pour remodeler notre monde à travers son engagement pour les droits civiques, sa musique et ses films. Qu’il repose en paix », le patron de la firme à la pomme a ainsi conclu son hommage.