Un géant du piano en la personne d’
Aldo Ciccolini a tiré sa révérence. Il est
décédé dans la nuit du 31 janvier à dimanche 1er février, à l’âge de 89 ans. Il est à la fois un pianiste doté d’un talent immense, et aussi une icône de la musique.
Né le 15 août 1925 à Naples, il y étudie le piano sous la houlette de Paolo Denza (élève de Ferruccio Busoni) et Achille longo, et après-guerres, il reçoit les conseils d’Alfred Cortot et Marguerite Long à Paris. Francesco Cilea, directeur du conservatoire de Naples, suite au pressentiment d’Achille Longo de voir en lui un compositeur, obtient une dérogation pour l’admettre, à l’âge de neuf ans, en classe de composition. Mais Paolo Denza le voit déjà comme un grand pianiste qui se fera un nom.
Le Théâtre San Carlo de Naples voit sa première apparition en 1941. Arrivé à Paris en 1949, le premier prix au troisième concours Marguerite Long – Jacques Thibaud lui est décerné avec l’interprétation du premier concerto de Tchaïkovsky. Ce concours lui ouvre d’autres horizons et l’amène à une carrière internationale. Grands défenseurs de la musique française, Debussy, Ravel, Chabrier, Satie, Séverac, et aussi Tailleferre, Massenet, Alkan, Castillon, Liszt ou encore Beethoven, sont également lisibles dans son art.
En 1971, il obtient la nationalité française, avant d’enseigner au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris jusqu’à 1988 où il forme les futures générations, entre autres Jean-Yves Thibaudet, Nicholas Angelich, Pascal Le Corre, Akiko Ebi, Géry Moutier, Artur Pizarro, Marie-Josèphe Jude, Jean-Marc Savelli, Jean-Luc Kandyoti. Pédagogue, grâce aux masters classes, il se dévoue à sa tâche malgré une phase d’oubli qu’il rattrape à l’approche de ses 80 ans.
Virtuose mondialement reconnu, on découvre qu’Aldo Ciccolini est un des plus grands maîtres du piano, un magicien de sons qui, étant modeste, refuse de se considérer comme « un maître à imiter, mais comme un passeur de flambeau ». Il n'y a, disait-il, « rien de plus émouvant que de voir le talent d'une jeune fille ou d'un jeune homme se développer comme une fleur ». Il voudrait toujours continuer. « Jouer du piano, ça doit être une nécessité comme de respirer ! » À son insomnie, il se fait une compensation : celle de jouer aussi la nuit.
Livre d'Or