Inhumation : Adolfo Suarez
L'Espagne sort de la dictature
Cet homme politique, figure symbolique de la rude période de transition permettant à l'Espagne de sortir de la dictature, s’est éteint dans une clinique de Madrid, dimanche 23 mars, à l'âge de 81 ans.
« Adolfo Suarez est décédé », a affirmé Fermin Urbiola, le porte-parole de sa famille, aux médias. L'ancien président espagnol qui souffrait d'Alzheimer depuis plusieurs années était hospitalisé à la clinique Centro (Madrid), depuis lundi dernier.
Il s'éteint dans sa 81ème année
Adolfo Suarez Illana, son fils, avait annoncé vendredi, que la maladie de son père s'était amplifiée et que le décès était « inévitable », avec un délai de 48 heures de survie. Il ne se souvenait plus de rien, ni de qui il était, les Espagnols, eux, par contre, ne l'ont pas oublié, et ont suivi bouleversement les derniers moments d'un des fondateurs de la démocratie espagnole.
Issu d’un père auxiliaire de justice et d’une mère très pratiquante, Adolfo Suarez est né à Cebreros (Castille-et-Leon), le 25 septembre 1932. À 22 ans, il sort diplômer en droit de l'université de Salamanque. Pris sous l'aile d’un franquiste, Fernando Herrero Tejedor, proche de l'Opus Dei, il a gravi les échelons de l'administration phalangiste.
Auxiliaire de justice, puis directeur général, de 1969 jusqu’en 1973, de la radiotélévision publique, député, ensuite gouverneur civil de Ségovie, à la mort de Francisco Franco, il fut secrétaire général du Mouvement national, l'appareil d'État du régime franquiste (Movimiento). Alors qu’il avait 43 ans, le roi Juan Carlos I lui laisse le soin, à la surprise générale en 1976, la formation d'un gouvernement dont l’objectif est la destruction de l’organisation franquiste tout en préservant la monarchie.
Aux côtés de Torcuato Fernández Miranda, il se lance à l'auto liquidation des Parlements franquistes contenant des As de l'ancien régime, des militaires et des anciens combattants de la guerre civile. En imposant des réformes politiques, en vue d’instaurer une assemblée constituante, sa loyauté au drapeau espagnol et à Juan Carlos fut proclamée sans difficulté, devant les caméras, ce qui lui a permis d’accéder facilement aux élections et à la présidence le 15 juin 1977, auxquelles, il se montrait en tant que chef de file du parti UCD (Union du Centre Démocratique) et réélu en 1979.
Déclin de l’UCD
« La période de la transition est terminée. En deux ans, nous avons transformé un système autoritaire en une démocratie pluraliste », avait-il lancé, en 1981, au moment où l’Espagne se prépare à de nouvelles élections, la crise économique du 1979, l’agitation militaire ainsi que les questions sur l'indépendance des régions espagnoles ayant plombé la réputation d'Adolfo Suarez.
Il se présente néanmoins aux élections de 1982, à la tête du Centre Démocratique et Social, un nouveau parti centriste, mais s'inclina face à Felipe Gonzalez du parti socialiste. Déjà fragmenté lorsqu'il était chef de gouvernement, le parti centriste achève ensuite de se diviser, jusqu'à sa mort.
En 1991, Adolfo Suárez s’est effacé de la vie politique, il fut nommé duc de Suárez par le roi en 1996, tout en lui conférant la dignité de Granda d'Espagne.
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