Avis mortuaire : Bernard Tapie
Bernard Tapie était un grand optimiste et a connu un destin exceptionnel.
Les funérailles se dérouleront vendredi à 11 heures à la Major de Marseille sa ville de cœur, les Marseillais pourront venir au stade Vélodrome pour saluer une dernière fois « le boss ». Naturellement, l’annonce du décès a été faite au journal La Provence dont l'homme d'affaires avait repris les rênes.
Son dernier combat.
L'ex président de l'Olympique de Marseille s'est éteint à l'âge de 78 ans, des suites d'un cancer de l’estomac et de l’œsophage qui le rongeait depuis 2017. Sa femme, son frère, ses enfants et ses petits-enfants étaient présents à son chevet et l’annonce de sa mort a généré une gigantesque vague de réactions par communiqués, déclarations et presse et messages sur les réseaux sociaux. L'homme d'affaires aux multiples facettes était devenu une figure populaire, en marquant l'histoire française de ces 50 dernières années par ses succès et ses frasques.
Véritable incarnation du touche-à-tout, Bernard Tapie était aussi bien artiste qu'homme d'affaire ou homme politique.
Né le 26 janvier 1943 à Paris, il est le fils d'un ouvrier-chauffagiste. Brièvement membre des Jeunesses communistes, le petit prolo « aux yeux trop grands » (titre d'un de ses livres) pilote des voitures de course, vend des télés, se lance dans la chansonnette... En 1977, il se spécialise dans la reprise et la revente de sociétés en difficulté.
Entre 1980 et 1990, Tapie a collectionné les acquisitions d'entreprises. Pour le meilleur et pour le pire. Une aventure hors normes qui l'a conduit à la faillite personnelle et devant les tribunaux.
⦁ En 1980, il achète La Vie Claire, chaine de magasins bio, qui compte alors environ 250 boutiques ; lesquelles vont fermer les unes après les autres. Elles ne seront plus que 126 lorsque le groupe Distriborg de Régis Pelen reprendra l'affaire en en 1996.
⦁ En 1981, c'est le fabricant de balances Terraillon que Tapie achète pour 1 franc symbolique. Deux ans plus tard, l'entreprise s'est séparée d'une énorme partie de son personnel et accuse une perte de 18,6 millions de francs. Elle sera revendue à un fonds d'investissement qui la recapitalisera et la redressera.
⦁ En 1984, Bernard Tapie réitère dans le pesage en reprenant Testut. L'entreprise sera mise en liquidation en 2004, après que Tapie ait été condamné, en 1996, pour abus de bien sociaux dans le cadre de sa gestion de l'entreprise.
⦁ Quant à « l'affaire de sa vie » ; Adidas qu'il rachète en 1990 pour 1,6 milliard de francs ; il ne parvient pas à stopper les pertes et revend le groupe 2,1 milliards de francs à un groupe d'investisseurs, derrière lesquels se cache sa banque le Crédit Lyonnais... A qui il reprochera d'avoir revendu Adidas beaucoup plus cher à Robert-Louis Dreyfus.
Bernard Tapie a aussi consacré une de ses 1000 vies à la politique.
Bref ministre de la Ville sous François Mitterrand, député à deux reprises dans les années 1990, élu européen de 1994 à 1997, conseiller général des Bouches-du-Rhône... Ce fils d’ouvrier a enchaîné les mandats. De quoi marquer la classe politique, qui lui rend un hommage unanime.
Ce grand sportif qui fut président de l’OM lors de la victoire en Ligue des champions en 1993 et patron de l’équipe cycliste La Vie Claire avec Hinault et Lemond, de 1983 à 1989, a reçu des hommages nombreux et appuyés du monde sportif. Bernard Tapie a été pendant longtemps détenteur du record de la traversée de l'Atlantique d'Ouest en Est, en monocoque, avec le Phocea.
Comédien à succès.
C'est Claude Lelouch qui lui avait ouvert les portes du métier au coeur des années 90. En faillite personnelle, condamné à une peine d'inéligibilité et interdit de fonction dans le milieu du football, Bernard Tapie s'était reconverti en acteur en 1996 dans Hommes, femmes : mode d'emploi
Marseillais à Jamais...
"Un hommage spécifique" sera rendu à Bernard Tapie cette semaine au stade Vélodrome, berceau de l'équipe de l'OM dont il fut président, avant des obsèques à la cathédrale de la Major.
"La famille souhaite que Bernard Tapie entre une dernière fois au stade Vélodrome", explique le maire Benoît Payan, en évoquant "une chapelle ardente" où les supporters et les Marseillais pourraient venir se recueillir pour saluer l'ancien président de l'Olympique de Marseille. Il devrait reposer au cimetière de Mazargues.
La postérité retiendra la formidable résilience d'un Bernard Tapie qui s'est battu jusqu'au bout. L'homme d'affaires et ancien ministre de la Ville, en dépit de ses zones d'ombre, incarnait une forme d'exemple de réussite.
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