Mort : Philippe Tesson
La pièce est finie
Journaliste, critique et directeur de théâtre, Philippe Tesson est décédé chez lui, « paisiblement et entouré de ses enfants », a annoncé sa famille. Il s'est éteint à son domicile de Chatou (Yvelines). On avait fini par le croire immortel. À plus de 90 ans, il courait les salles de théâtre, les plateaux de télévision, les studios de radio et animait les colonnes du Figaro Magazine de ses critiques enjouées.
Il passa sa vie à jouer à être lui-même
Philippe Tesson avait fondé en 1974 le légendaire journal « Combat » de 1960 à 1974, avant de fonder son propre journal, le « Quotidien de Paris », qu'il a dirigé pendant vingt ans (1974-1994). Avec ce quotidien libéral, soutien de Valéry Giscard d'Estaing avant de s'opposer aux socialistes et à François Mitterrand, il avait mis le pied à l'étrier à de nombreuses personnalités : Eric Zemmour, Jean-Marc Sylvestre, Catherine Pégard, Claire Chazal... Il avait quitté le journal en 1994, deux ans avant l'arrêt de sa publication pour raisons financières.
Avec sa femme médecin, Marie-Claude Millet, il avait également fondé en 1971 « Le Quotidien du médecin », puis, en 1985, « Le Quotidien du pharmacien ».
Un polémiste assumé
Dans les années 1990, un plus large public avait découvert sa verve et ses yeux bleus sur les plateaux télé, où il intervenait comme polémiste et prenait volontiers la posture du « réac » assumé. « Aujourd'hui, je suis résolument de droite. A 90 ans, on n'est plus à gauche ! »
Son autre passion était le théâtre
Il avait notamment écrit comme critique théâtral dans Le Canard enchaîné ou le quotidien national Le Figaro et avait racheté en 2011 le Théâtre de Poche-Montparnasse, qu'il dirigeait avec sa fille, Stéphanie Tesson. Le théâtre constituait la trame de son existence. Un premier choc avait été de voir Gérard Philipe jouer Caligula, d’Albert Camus. « Ô mes théâtres/Ô mes silences », aurait pu fredonner Philippe Tesson. La suite de la chanson de Barbara lui convient aussi parfaitement : « Mes paradis et mes enfers/Mes ténèbres et ma transparence. » Ce passionné d’Eschyle et de Shakespeare a attendu d’être octogénaire pour devenir propriétaire du Théâtre.
Le polémiste laisse un vide dans la profession, et de nombreuses personnalités lui rendent hommage. Un décès qui "consterne totalement" Guillaume Durand, l'un de ses confrères, et qui le connaissait particulièrement bien. "C'était lui le fragile Philippe, élégant, apparemment mondain mais fondamentalement courageux, qui avait un côté funambulesque", décrit celui qui a fait une grande partie de sa carrière à Europe 1.
« Si tous les journaleux et théâtreux qui sont redevables à Philippe Tesson assistent à sa messe d’enterrement, aucune église de Paris, même Notre-Dame, ne pourra les contenir tous » écrit le Nouvel Obs, deux jours après sa disparition.
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