Johnny Clegg
« Le Zoulou Blanc »
« Johnny est décédé paisiblement aujourd'hui, entouré de sa famille à Johannesburg après une bataille de plus de quatre ans contre un cancer du pancréas », a déclaré son manager, Rodd Quin.
Il aurait voulu être noir.
Fils d’un militaire et d’une chanteuse, Johnny Clegg est né dans le nord-ouest de l’Angleterre. Ses parents divorcent quelques mois après sa naissance. Sa mère retourne alors vivre au Zimbabwe avant de s’installer en Afrique du Sud. Elle y rencontre son second mari, journaliste et militant antiapartheid. Adolescent, Johnny Clegg se lie d’amitié avec un musicien amateur zoulou qui lui apprend des rudiments de guitare et l’emmène dans les clubs des quartiers pauvres (où vivent les travailleurs noirs). Il se familiarise avec langue zoulou, cette ethnie reste la plus importante du pays et près de 24% des sud-africains le parlent.
Il se perfectionne à la guitare Zoulou et sera surnommé plus tard « Le Zoulou Blanc ». Passionné, Johnny Clegg suivra même des études universitaires portant sur « le peuple du ciel » (traduction de Zoulou). « Il y a eu une période de ma vie où j’ai regretté de ne pas être Noir. Je le voulais désespérément » déclarait-il.
Le chanteur sud-africain était connu pour avoir écrit et interprété entre autres :
⦁ « Asimbonanga »
⦁ « Scatterlings of Africa », titre éponyme de son album en 1982 qui l'avait propulsé en tête des hit-parades en Grande-Bretagne et en France
Il a joué un rôle majeur en Afrique du Sud en faisant découvrir aux gens différentes cultures et en les rapprochant. Johnny Clegg a puisé dans la culture zoulou son inspiration pour concevoir une musique révolutionnaire où les rythmes africains endiablés cohabitent avec guitare, clavier électrique et accordéon. Il nous a montré ce que cela signifiait d'embrasser d'autres cultures sans perdre son identité.
Il était également une voix forte engagée dans la lutte contre l'apartheid.
Johnny luttait contre le système ségrégationniste en vigueur jusqu'en 1994. Son titre phare, Asimbonanga ("Nous ne l'avons pas vu") était dédié à Nelson Mandela, (le prix Nobel de la paix), libéré après 27 ans d'emprisonnement en février 1990. Il avait même rejoint le musicien sur scène à Francfort en 1997 :
Alors que Johnny Clegg chantait Asimbonanga, le public s’était levé comme un seul homme. « J’ai aperçu du coin de l’œil quelqu’un derrière moi qui était en train de monter sur la scène, en dansant …. C’était Mandela ! Ça a été un choc. Je ne savais même pas qu’il était là », avait raconté Johnny Clegg au Nouvel Observateur.
Cyril Ramaphosa, le président sud-africain a salué la mémoire du musicien :
« Un compatriote exceptionnel et une icône de la cohésion sociale et de l’antiracisme ». « Johnny Clegg vivra toujours dans nos cœurs et dans nos foyers lorsque nous écouterons sa musique, mélange émouvant de célébration des cultures et de résistance politique », a-t-il ajouté.
Il voulait dire au revoir…
Le chanteur et danseur, qui souffrait de sa terrible maladie, avait récemment fait une tournée mondiale d'adieu. Lors de sa dernière interview en France, il déclarait à Paris-Match : « Oui, je dis au revoir à mon public. Je veux me produire tant que c’est encore possible, en France, en Nouvelle-Zélande et en Australie. Pour y donner les plus beaux concerts de ma vie, avant de ne plus pouvoir… ». Johny a rejoint le peuple du ciel…
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