« Nous serons pacifiques jusqu'au bout, mais pas silencieux », confiait-il
Win Tin, l'opposant au régime birman est décédé lundi à Rangoun
à l'âge de 85 ans. La
disparition de l’une des personnalités la plus pittoresque et la plus marquante de la lutte pour la démocratie de Birmanie suit les contours amers de l’histoire de son pays.
Né dans la région de Bago le 12 mars 1929, le journaliste et ancien dissident fut d’abord correspondant de l'Agence France Presse avant de fonder avec Aung San Suu Kyi, à la fin des années 1980, la NLD (Ligue nationale pour la démocratie). Alors âgé de 60 ans, Win Tin a été incarcéré par le régime militaire le 4 juillet 1989. Il fut le premier détenu politique birman qui a passé le plus de temps en prison. Il a été condamné à dix-neuf ans d'emprisonnement. Des années de souffrances durant lesquelles, il a été parfois privé de nourriture, battu, interrogé cinq fois par jour, la tête recouverte d'une cagoule. Il sera transféré dans une cellule individuelle, à partir de 1996, pour infraction des normes de la prison (possession de matériel d'écriture) et n’a été autorisé à voir sa famille qu’une fois toutes les deux semaines pour 15 minutes.
Il reçoit des récompenses
En 2001, il a reçu la plume d'or de la liberté ainsi que le Prix mondial de la liberté de presse attribué par l'UNESCO.
En 2008, il a été libéré, à la faveur d'une amnistie, avec d’autres prisonniers pour bonne conduite, alors que la seule condition de sa libération était qu’il accepte de renoncer à toute activité politique.
Win Tin est désormais « silencieux »
Win Tin n'a cependant jamais oublié ce qu’était sa condition et depuis sa libération continuait à porter la chemise bleue qui est l'uniforme des détenus en Birmanie. Une façon à lui de rappeler que d’autres détenus sont encore dans les cellules et de marquer que son pays n'était pas encore libre, au mépris des réformes en cours. « J'ai l'impression d'être encore en prison », confiait-il quelquefois. Il a par la suite repris son activisme politique aux côtés de la Ligue nationale pour la démocratie.
Win Tin raconte en trente minutes dans « The Naked Thruth of Myanmar » son histoire de la Seconde Guerre mondiale jusqu’à la dictature. Proche collaborateur d’Aung San Suu Kyi, Prix Nobel de la paix et journaliste renommé, il raconte avec minutie et précision sa détermination à dire « NON » à l’armée qui imposait son joug au pays depuis 1962.
Hospitalisé le 12 avril 2014, suite des problèmes respiratoires, il meurt le 21 avril 2014.