Les dessins de Tignous et son trait sont devenus familiers
Pour de nombreux Français, des lecteurs de « Charlie Hebdo » ou encore du « Canard enchaîné », les dessins de Tignous et son trait sont devenus familiers, mais son nom et son visage, un peu moins.
Bernard Verlhac alias Tignous, 57 ans, tué dans l'attentat de la rue Nicolas-Appert contre Charlie Hebdo, était père de famille, et aspirait à la discrétion.
Cet artiste né 1er janvier 1957 à Paris, mais s’est installé depuis trente ans à Montreuil (
Seine-Saint-Denis), arpentait les rédactions dans les années 1980, avec ses dessins sous le bras.
Il dessinait régulièrement pour Marianne et Charlie Hebdo
Il travaillait également pour L'Écho des Savanes, Fluide Glacial ou encore pour des émissions télévisées notamment avec Laurent Ruquier, Bruno Masure et Marc-Olivier Fogiel, là où ses dessins accompagnaient les débats. Il travaillait également aux côtés de Charb,
Cabu et Wolinski, autres victimes de l'attentat perpétré contre Charlie Hebdo. Ses premiers dessins ont été publiés dans L'Idiot international, L'Événement du jeudi et La grosse Bertha. En 1991, après la sortie de son livre « On s'énerve pour un rien », il taclait en 1999, les inégalités, les actionnaires et le capitalisme dans « Tas de riches » (Denoël) et fera paraître « Le fric, c'est capital » en 2010.
En se frottant à l'actualité, Tignous n’est plus qu’un simple illustrateur, mais également un journaliste, dont le dessin est devenu son mode d'expression. Quant Philippe Val, avec l'ancienne équipe Cavanna, Cabu et Wolinski ont décidé de relancer Charlie Hebdo en 1992, Tignous les suit et devient dès lors le pilier d'une nouvelle aventure, où le rire et l'impertinence sont les seules règles. Nul n’oublie ce dessin où un homme plutôt à l'aise financièrement avec un cigare à la main, s’écrie « à l'époque, où l'on risque de tous mourir de la grippe aviaire, vous vous préoccupez de mon salaire exorbitant ! »
« Il y a deux choses que je sais bien faire : l'amitié et le dessin », confia-t-il...
Lorsqu'on lui a commandé un dessin, il n’a jamais refusé et ne râlait jamais. Les commandes arrivaient toujours à l’heure, en plusieurs versions, toutes corrosives et impeccables. Il en était de même dans la vie de tous les jours. Ce père de quatre enfants, n’était pas grincheux et n'avait rien d'un renfrogné. Il était bon vivant, amateur d'herbes et de la dive bouteille qui font rire.
Membre de l'association de dessinateurs de presse « Cartooning for Peace », créée par Plantu en vue de lutter pour la liberté dans le monde, Bernard Verlhac dit Tignous souhaitait qu'un dessin puisse éviter un enlèvement ou même «
empêcher un assassinat ». « Si je pouvais avoir ce pouvoir-là, je ne dormirais plus et ferais des dessins sans arrêt. » avait-il conclu