Obsèque : Harry BAUR
Ne pas tomber dans l’oubli...
Henri-Marie Rodolphe BAUR, est un acteur français. Son père (alsacien originaire de Heimsbrunn) était bijoutier horloger mais meurt alors qu’Harry n’a que 10 ans des suites d’un cambriolage de sa boutique. Sa mère (lorraine native de Bitche) le place alors dans une école catholique. Il suit des études secondaires au collège de Saint-Nazaire, puis fuyant le domicile familial, arrive à Marseille comme le soulignait le quotidien locale de l’époque : Le Provençal (aujourd’hui La Provence):
- Il fait l’école d’hydrographie pour devenir marin
- Il suit en parallèle des cours de comédie au Conservatoire.
- Sportif, Harry rejoignit le Football-Club de Marseille lors de la saison 1898-1899. Il fit partie de l'équipe première, ancêtre de l’OM.
Il épouse en 1910 l'actrice Rose CREMER, connue sous le nom de Rose GRANE, avec laquelle il a trois enfants. Elle décèdera lors d'un voyage en Algérie. Il se remarie plus tard avec Rika RADIFÉ, elle-même actrice de théâtre.
Né le 8 avril 1880 à Paris, Harry BAUR n'avait connu le succès que tardivement, à partir de la cinquantaine. Il exerce d’abord ses talents de comédien au théâtre et crée avec succès de nombreuses comédies de Tristan Bernard, Louis Verneuil, Francis de Croisset et Sacha Guitry. On le voit aussi au Music-hall : il participe à deux revues aux côtés de Mistinguett et Maurice Chevalier.
Colosse d'une taciturne puissance, souvent comparé à Raimu, Harry Baur était un très grand comédien, on lui confiait toujours au Cinéma des personnages spectaculaires et tonitruants :
- Tarass Boulba (dans le film d’Alexis Granowsky, 1936)
- Le roi Hérode (Golgotha, Julien Duvivier, 1935)
- Raspoutine (La Tragédie impériale, Marcel L’Herbier, 1938)
- Volpone (dans le film de Maurice Tourneur, 1941).
- Sans oublier Jean Valjean dans ce qui reste, sans nul doute, la plus belle adaptation des Misérables (Raymond Bernard,1934).
L’occupation allemande vint sonner sa déchéance…
Pour contraindre Harry Baur d’accepter l’offre de Goebbels de jouer en Allemagne, un film intitulé Symphonie eines Lebens (« Symphonie d’une vie ») les nazies ont arrêté sa femme, Rika, d’origine turque, musulmane de surcroît, mais soupçonnée d’être une espionne juive…
En mai 1942, de retour en France à la fin du tournage, les époux Baur sont arrêtés : elle est incarcérée à la Santé, lui, à la prison du Cherche-Midi. Il y est torturé plusieurs semaines par la Gestapo. Dans un article de Télérama, il est révélé que lors d’un interrogatoire, d’après un témoignage, il se lève devant son agresseur et lui dit : « Ce sera moins lâche pour vous de frapper un homme debout. »
Voulant continuer à être acteur, il s'est sans doute laissé entraîner à des fréquentations compromettantes par amour de son métier. Il n'a pas mesuré combien cette attitude était dangereuse au milieu des nazis, des antisémites et des dénonciateurs... dont le propre parrain de son fils qui le dénonça comme juif et communiste.
« Traître, vendu, pourri » … la vérité est ailleurs.
Il meurt dans l’indifférence générale en avril 1943. Poursuivi à la Libération pour indignité nationale, après divers recours obtenus et pour des raisons de santé, il sera acquitté par le tribunal militaire de Paris, en mai 1951.
Il ne se remettra jamais des tortures subies lors de son emprisonnement. Dans un état physique lamentable, il meurt assisté par un prêtre. Ses obsèques eurent lieu à Saint-Philippe-du-Roule, avec un enterrement catholique classique, les milieux du cinéma craignant alors, de se compromettre, peu d'acteurs assistent à ses funérailles...
Il repose à Montmartre, au cimetière Saint-Vincent, où sa tombe demeure une des plus visitées.
Il allait sombrer dans l'oubli lorsque l'état français lui rendit hommage en 1955, à la Maison de la Chimie de Paris. Aujourd’hui, nous célébrons la mémoire d’un grand acteur des années trente bien que son nom évoque peu de souvenirs au commun des mortels contrairement à Raimu ou Michel Simon.
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